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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 20:35
Il y a quelques temps un de mes joueurs m’a demandé de quel cercle était son tremere et ce que ça lui donnait comme droit. J’ai été incapable de répondre. A la réflexion, pour un clan réputé pour la rigidité de sa structure initiatique et son mysticisme, les publications –officielles ou non – manquent singulièrement de précision. Même le clanbook malkavian est plus explicite sur les mécanismes internes du clan qu’il étudie. N’ayant rien trouvé à ma convenance sur le net concernant ce sujet, j’ai commencé à réfléchir à un article.

Il m’est apparu rapidement qu’il était inutile de développer les cercles de mystère des régents et au-delà. Le seul moyen pour qu’un PJ devienne régent est que l’histoire soie jouée en accéléré. Soit il est vieux dès sa première partie, soit il commence au Moyen-Âge avec des trous de plusieurs décades entre chaque « aventure ». Dans le deux cas, le passage de stade en stade n’est pas joué, et le joueur ne connaît rien de plus à la gestion d’un territoire que ce que lui aura appris Simcity ™.

Un article du SDEN détaille ce qu’un apprenti peut espérer posséder et utiliser dans la Fondation. Les deux points de vue ne sont pas forcément incompatibles. Mais je n’ai fait aucun effort pour les concilier, vu qu’ils ne portent pas le même regard sur les apprentis.

Les cercles de mystère

Mystère est un mot galvaudé de nos jours. En d’autres temps, un Mystère était une Gnose, une connaissance de nature divine. C'est-à-dire une savoir sur ce qui ne peut être connu. Ce paradoxe apparent était résolu par le mode d’apprentissage des Mystères : l’Initiation.

Tout comme la description d’un concert de rock ou d’une partie de jeu de rôle ne permet pas de faire comprendre les états intérieurs des participants, la description d’un Mystère ne permet pas de le comprendre. L’Initiation se distinguent des autres philosophies ( -logie) et sciences ( -nomie) par l’inutilité de supports oraux ou écrits pour transmettre l’information.

L’initiation n’est rien moins qu’une épreuve où « on le jette à l’eau ». Soit un éclair de lucidité lui fait comprendre ce qu’on veut lui faire comprendre, et sa vision du monde s’en trouve changée. Soit la révélation lui échappe, et le postulant ne perçoit que l’humiliation de son échec. Bien évidemment, l’impétrant ne sait pas ce qui l’attend avant d’avoir passé le rite initiatique ; et s’il la passe cela lui semblera une évidence qui lui avait échappé jusque là.

Très souvent, un rite initiatique ne peut être accompli qu’une seule fois. Un deuxième essai a moins de chance que le premier d’amener la Révélation. Il est donc essentiel que le postulant à une épreuve soit prêt à ce qu’il va subir. La réussite le propulsera à un niveau de conscience supérieur. L’échec le condamne à une amère stagnation. Il est inutile de gâcher un rite initiatique pour quelqu’un qui n’a pas les prérequis. Même dans une organisation compétitive comme le clan Tremere, on ne pousse pas un concurrent potentiel dans une épreuve initiatique qu’il ne pourra réussir. Il est bien plus intéressant d’avoir un rival compétent qu’un ennemi qui n’a plus rien à perdre.

Chaque épreuve initiatique mène à un grade qui comporte droits et devoirs, responsabilités et tabous, permissions et interdictions. La réussite de l’épreuve rend probable le succès dans la nouvelle fonction. Et la capacité à accomplir sa mission est quelque chose avec laquelle les tremere ne plaisantent pas. Car pour eux chaque mission n’est pas simplement un boulot à terminer mais d’une tâche sacrée à accomplir corps et âme. Pour prendre un parallèle, tout le monde peut faire un comptable passable, mais très peu pourrait tenir une semaine comme ministre des finances. Cette élite seulement peut être membre du clan Tremere.

Ces grades participent tous à la stabilité de la pyramide. Celle-ci vise à un accomplissement plus grand ; une synergie dont les résultats dépassent de très loin la capacité et la compréhension d’un individu ou même d’un groupe d’individus. Personne ne pourrait créer une telle structure. Par contre, il est possible de la découvrir comme on découvre les lois de la nature. Rien d’étonnant à ce que « les enfants de la pyramide » considèrent le clan dans son ensemble comme une entité divine. Car c’est bien ce qu’elle est : une chose intangible et immatériel, qui agit sur toute chose, que l’on ne peut connaître, mais avec laquelle on vit intimement.

Les grades de l’apprenti

Le candidat

Le candidat Tremere est longuement observé pour juger de ce qu’il peut apporter à la pyramide et de sa capacité à s’y intégrer.

La capacité d’intégration semble un critère évident. C’est pourtant le plus difficile à décrire. Toutes les fondations d’Europe pourraient déclarer unanimement qu’une personne fera un bon Tremere, il n’y aura pas deux capable de l’exprimer de manières semblables. C’est pour ça que le jargon rituel a été créé : même si les mots ne signifient rien en soi, tous connaissent les idées qu’ils recouvrent.

L’apport d’un candidat est avant tout le candidat lui-même. Pas seulement ce qu’il est et ce qu’il fait mais aussi ce qu’il peut devenir. C’est un point sur lequel la plupart des clans ont une idée éronnée : Un « chien fou » commandant un grand pouvoir politique ou détenant la clé d’une énigme n’a pas sa place dans la pyramide. On en fera un serviteur ou peut être une goule, rien de plus. Mais une employée de bureau sous-estimée ou un autiste qui croit avoir été enlevé par les martiens ont un potentiel que des spécialistes de haut niveau se feront forts de développer (…et d’exploiter).

Epreuve initiatique : l’étreinte

Le serment tremere est une constante. Mais malgré la volonté des hautes autorités, l’entrée dans le monde vampirique peut varier fortement d’une fondation. L’un la recevra lors d’une cérémonie, alors qu’un autre sera pris au piège par un individu. Une goule peut devenir trop utile pour rester un simple serviteur, tandis qu’un quidam sera propulsé sans avertissement dans le monde des ténèbres. Certain ne connaîtront jamais leur sire alors que d’autres seront à jamais dans son entourage….

Droits : aucun, pas même de savoir dans quoi il s’engage

Devoirs : aucun, pas même d’accepter son sort

Nb : goules et serviteurs ont leurs propres droits et devoirs. Il n’est question ici que de ceux du candidat cainite.

1° cercle

L’apprenti tremere vient de découvrir ce que c’est de mourir. La métaphore de toutes les sociétés secrètes est pris ici au sens littéral du terme. Maintenant il doit apprendre à « vivre avec la mort ». le 1° cercle est avant tout une période d’instruction à la vie cainite.

Droits et devoirs : l’apprenti peut recevoir les enseignements d’un ou plusieurs instructeurs et doit s’impliquer dans son apprentissage. L’instruction porte entre autre sur : le sang et la physiologie vampirique, la vie sociale nocturne (tradition, camarilla,…), l’occulte (les disciplines, les créatures des ténèbres,…), l’histoire de la maison tremere, etc… De nombreux tests et mises à l’épreuve émaillent cette période.

C’est également une période d’observation où l’on notera les apprentis qui apprennent vite, les geignards et les rebelles. Bien que l’enquête préliminaire aie donné un pronostic précis quant au devenir du nouveau-né, le premier cercle est une période où peuvent surgir des déceptions amères et des heureuses surprises.

Epreuve initiatique : la présentation

Avant d’être présenté au prince, l’apprenti est présenté au clan. Il peut s’agir d’une cérémonie rassemblant les tremere des environ ou bien un rituel de communication qui le mets « en ligne » avec la pyramide. Cette reconnaissance par les pairs est héritée de l’Inception dans la tradition universitaire.

L’apprenti est ensuite présenté formellement au prince, c'est-à-dire aux harpies. La première impression qu’il fera restera sans doute pour longtemps l’image ou le rôle que lui accordera la société cainite. Aussi strict qu’aie été l’instruction, la plupart des nouveaux-nés considèrent qu’ils n’étaient pas encore assez préparés aux insinuations toréadors et aux mépris ventrue.

2° cercle

L’apprenti sait à présent ce qu’il est. Il a aussi appris de première main que seuls ses frères Tremere peuvent être véritablement considérés comme des alliés. Un frère reste un frère, même si on ne l’aime pas.

Il est maintenant capable de rendre de menus services. Les tâches sont fréquemment des corvées qu’un serviteur ou une goule ne sont pas capables d’effectuer, mais que les tremere aînés n’ont pas le temps ou l’envie de faire eux-mêmes.

C’est donc une période de labeur intense où l’apprenti montre comment il travaille. C’est aussi une leçon d’humilité. Les talents qui ont fait sortir l’apprenti du lot des candidats à l’Etreinte sont rarement utiles aux tâches demandées. Un érudit spécialisé dans les langues mortes pourrait très bien se voir demander d’exfiltrer une statue grecque du musée des arts. Un kabbaliste renommé pourrait devenir le pouvoir derrière une personnalité politique.

La charge de travail est souvent très lourde. Les corvées en attente sont à peu près infinies. Mais c’est aussi une manière de pousser l’apprenti à une méthode de travail adaptée à son état de mort-vivant, à acquérir des compétences et des automatismes dans des domaines qu’il n’aurait jamais envisagé d’aborder et de le motiver à apprendre pour passer à des tâches plus intéressantes.

Les jeunes apprentis ont souvent l’impression qu’on les confine « au nettoyage des chiottes » et que leurs talents naturels sont gaspillés par des Aînés aigris, jaloux et anachroniques. Cette frustration est tellement répandue qu’elle fait partie de l’image que l’on se fait du tremere.

La vérité est que les Aînés provoquent délibérément cette situation pour pousser l’apprenti au-delà de ses limites. Le boulot dégradant, ennuyant et dangereux que leur jette négligemment leur supérieur n’est parfois rien d’autre qu’un test de persévérance. Il est fréquent qu’une de ces corvées soit inutile ou sans importance. Le désintérêt de l’ancien à l’annonce du succès d’une tâche n’est pas feint. L’apprenti s’en rend compte avec rancœur, mais il imagine rarement que son succès n’était pas prévu. Et même s’il soupçonne qu’on lui a refilé intentionnellement un boulot stupide que l’on n’espérait pas voir achever, il n’y voit qu’une malveillance de la part d’un vieux qui le déteste pour une raison inconnue ou imaginaire.

On trouve cette méthode pédagogique dans l’instruction des soldats d’élite (cf : full metal jacket).

Droits et devoirs :

L’apprenti du 2° cercle a le droit de parcourir les zones communes de la fondation, ainsi que d’utiliser le matériel et les serviteurs nécessaires (pas « utiles », « nécessaires » !) à ses tâches. Il doit s’acquitter des travaux qui lui sont donnés par son régent (généralement au travers d’un apprenti de haut grade).

Fréquemment, la manière d’accomplir les tâches lui est imposée. Après tout il est en apprentissage. Evidemment, l’apprenti n’a aucun choix quant au buts et objectifs qui lui sont imposés. Ceux-ci sont parfois tellement floues ou invraisemblables qu’il peut être difficile de prouver qu’ils ont été atteints.

De plus, L’apprenti du 2° cercle est maintenant un représentant officiel de son clan et de sa fondation. On attend de lui qu’il agisse à tout moment comme un ambassadeur devant les autres clans. Il est attendu qu’il servira de bouc émissaire en cas de problème ou d’erreur. Les plaignants ne seront sans doute pas dupes et les sanctions ne seront sans doute pas celles annoncées (à moins qu’il y ait besoin d’un châtiment public ou de discipliner l’apprenti). Mais les apparences seront sauves, et le clan ne se sera pas fait un ennemi de plus.

Epreuve initiatique : l’échec

C’est avant tout l’implication et la ténacité au long de ce stade qui est déterminante pour être proposable à l’épreuve. Un candidat à l’épreuve aura accompli des choses astreignantes et difficiles (en tout cas pour lui). C’est pourquoi il aura développé une fierté hautaine semblable à celle d’un jeune médecin ou d’un pilote de chasse sortant de l’académie.

C’est pourquoi il échouera lors de son épreuve.

Pour la première fois, on lui confiera un travail intéressant et susceptible d’établir sa réputation. Bien que difficile, il semblera réalisable, motivant et dans le domaine de compétence de l’apprenti. Il n’y a pourtant aucune chance d’y parvenir, soit que l’objectif soit impossible, soit que toute l’épreuve soit subtilement truquée. Au moment de présenter ses réalisations devant le conseil des anciens, l’apprenti les verra s’écrouler sans avertissement. Il sera bien sûr sommé de s’expliquer face à une table d’anciens aux visages fermés et à l’hostilité contenue. 

L’apprenti peut proclamer sa responsabilité et demander une juste punition, ou bien décrire en détail  le concours de circonstance qui a provoqué le désastre, ou encore lancer des accusations de sabotage. Dans tous les cas, il sera mis en cellule pendant que l’on débat de son sort. Il y passera au moins une nuit à méditer son échec et tous ce qu’il aurait dû dire lors de son procès.

La délibération n’a rien à voir avec ce qu’imagine « l’apprenti fautif ». Si les anciens ont gardé un calme stoïque c’est pour étouffer des crises de fous rire en voyant la tête de l’apprenti déconfit et ses justifications ridicules. En réalité, ce n’est pas la réussite qui est jugée (c’est déjà fait), mais l’expérience de l’échec. La libération soudaine d’années d’amertume et de frustration est très révélatrice de la véritable nature de l’apprenti. Dans ces échecs futurs, rejettera t’il la faute sur quelqu’un ? Sera-t-il lâche ou veule ? Jouera-t-il les martyrs ? Comment affrontera t’il une erreur qui peut lui coûter une mort douloureuse et définitive ? C’est souvent ici que les nihilistes et autres rebelles destructeurs se révèlent. Au mois deux « taupes » d’autres clans ont été découvertes de cette manière.

A peu prés toutes les réactions sont tolérées sauf la violence préméditée. Même poussé dans ses derniers retranchements, un tremere n’a pas le droit de détruire le clan et ses membres par un moyen prévu à l’avance. Une frénésie reste cependant acceptable (tout est déjà prévu pour la juguler).

Quand l’apprenti revient devant ses juges, la tête pleine d’excuses et d’ultimes arguments, il apprend avec étonnement qu’il a passé l’épreuve avec succès.  Il est tellement abasourdi qu’il faut souvent lui expliquer deux fois qu’il a été induit en erreur, avant de lui lire ses nouveaux droits et devoirs.

Pour l’anecdote :

La célébration du passage au troisième cercle fait l’objet d’une débauche tout à fait inattendue dans « un clan de pètes-secs et de vieilles barbes dépourvus d’humour [SIC]». Le stress de plusieurs années se libère en une semaine. L’énormité de la farce dans laquelle il a joué le dindon lui apparaît avec une telle ampleur qu’il ne peut qu’en rire aux larmes. Et les vieux tremere qui sont passés par ce stade accueillent avec joie ce nouveau frère mis dans la confidence. On a vu dans les elyséums des apprentis déclarer leur amour pour la pyramide ou leur pardon à l’univers devant une foule d’aînés sentimentaux. Les fétards et les témoins (y compris les tremere du 2° cercle) interprètent souvent avec angoisse ces comportements « étranges » comme la preuve d’un lavage de cerveau ou d’un lien de sang. Ce qui ne fait que renforcer la valeur du deuxième cercle d’apprentissage.

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