Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 14:12

Le Clan Ventrue est le clan traditionnellement dominant dans le Royaume de France et à fortiori à Paris. La mainmise Ventrue date de l'antique occupation de la ville par les Romains et plus précisément de Labienus, le général qui défit les troupes de Camulogène et offrit Lutèce à Jules César. La ville gauloise fut investie par les soldats, puis les commerçants, les architectes et les artistes. Bientôt, les imposants bâtiments de pierre et de briques rouges s'élevèrent au dessus des habitations sommaires des Parisii et dans leur ombre marchaient des créatures que les hommes ne soupçonnaient pas. Remus, infant de Marius, était de ceux-là et s'il quitta Rome pour les boueuses colonies de Gaule, il trouva à Paris son digne successeur. En - 45, Remus fit du général honoré par ses pairs un membre du Clan Ventrue et le destina à être un des puissants piliers sur lesquels reposait la stabilité de la cité. Labienus étreint, il apprit vite et jouit de la facilité avec laquelle le pouvoir s'offrait aux ambitieux. Pendant des siècles l'ombre de Labienus planera sur Paris, principalement grâce à ses infants Tilius et Cassius auquel il accorda le Don en -25. Les deux nouveaux-nés durent bien vite se familiariser avec les responsabilités propres à leur rang : leur sire tomba en torpeur peu de temps après leur propre étreinte et son corps fut dissimulé par les deux infants livrés à eux mêmes. Cassius prit activement la succession de son sire et s'investit dans le développement de Paris. C'est, dit-on, sous l'impulsion de Cassius que la ville romaine se construisit presque exclusivement sur la rive gauche de la Seine.

 

L'arrivée d'Alexandre : naissance d'une vision

Il semble que Cassius devint le vampire le plus influent de Lutèce au cours de la période gallo-romaine mais l'éclatement de l'Empire sous la pression des invasions barbares bouleversa la situation relativement stable que le Ventrue était parvenu à instaurer. C'est en 448 que le Ventrue Alexandre fit irruption dans l'Empire d'Occident à la tête de plusieurs tribus germaniques. Proche du sang de Caïn et grand voyageur, Alexandre avait contemplé les mystères de l'Orient au cours de sa longue traque des Deva et des hommes ainsi que des vampires courageux s'étaient tout naturellement ralliés à lui, conquis par sa prestance et sa férocité au combat. A cette époque, ses hommes et lui étaient, comme beaucoup d'autres, contraints de fuir vers l'ouest pour échapper aux Huns. Il devança de peu les nomades menés par Attila et, après être passé au nord de Paris et non loin de Louvain, dans les futures Flandres, il s'installa un moment sur les rivages de la mer du Nord. Paris lui apparut comme une ville prometteuse et décida d'en faire un jour une cité florissante, une place forte comme son peuple. Habitué à diriger les hommes, son approche de la domination passait par le contrôle des lignées humaines qui prendraient possession de la ville. Il désirait choisir un chef dont il puisse être fier mais un roi ne dure pas : c'est une dynastie complète qu'il se devait de forger. Et ainsi s'arrêterait l'errance d'Alexandre à travers le monde.

 

Le pacte de l'île de la Cité : Romains et barbares contre les Huns

Alexandre prit vite la mesure du désordre de cette époque quand il combattit aux côtés de Clodion le Chevelu contre les troupes de Majorien et d'Aetius, généraux romains. La lutte ne fut que de courte durée : un émissaire de Cassius vint rapporter aux suivants d'Alexandre que le Clan ne pouvait maintenir ces luttes intestines face à la menace représentée par les Huns. Alexandre ne se découvrit pas et laissa à son lieutenant, Garibald, le soin de traiter avec les hommes de Cassius. Son plan réclamait du temps et il préférait ne pas se dévoiler tant qu'il n'était pas sûr que sa "descendance" fût prête à assumer ses responsabilités. Quoiqu'il en soit, Clodion et Aetius s'opposèrent à Attila avec un courage dont peu d'immortels peuvent se targuer. Cette première alliance, officiellement entre Garibald et Cassius, ne suffit pas à endiguer l'hémorragie barbare et nombre d'autres tribus suivirent les pas des Francs Saliens d'Alexandre. Toutefois, réunis sous la bannière romaine et Ventrue, les Wisigoths, les Vandales, les Burgondes, les Francs Saliens d'Alexandre et les Francs du Rhin du Brujah Amalaric battirent les Huns lors de la bataille des Champs Catalauniques en 451. Pour Cassius, la situation était inconfortable et le fait de côtoyer, même de manière temporaire, des peuplades dirigées par les Gangrels et les Brujahs le mit fort mal à l'aise. L'Ancien Ventrue composait depuis longtemps avec les barbares qui avaient fini par ruiner l'empire de Rome mais il craignait malgré tout l'effusion de sang. Des bandes armées attaquaient sans discernement leurs frères Germains depuis plus d'un siècle et Cassius ne pouvait faire confiance à un peuple divisé et violent, aussi prompt à envahir les villes qu'à massacrer leurs amis d'hier. Pendant ce temps, alors que Cassius avait des visions de destruction, Alexandre édifiait les fondations de son immense projet. Il repéra le fils de Clodion au cours de cette bataille : Mérovée, alors lieutenant d'Aetius et vit en lui le germe de la lignée qu'il espérait voir sise à Paris.

 

Ecliastus et les ambitions du Clan Lasombra

Cassius, malgré le soutien de Tilius et de quelques autres, était désemparé face à tant de bouleversements et cette faiblesse n'échappa pas à Ecliastus, un Lasombra de Rome, qui se proposa de le conseiller et de l'aider à juguler l'influence grandissante des Barbares. Alors qu'Alexandre s'installait avec Garibald à Tournai, Ecliastus proposait à Cassius d'envisager une alliance avec les Francs. Il argua que cette union des hommes signifierait l'alliance des Clans Brujah et Ventrue tout en assurant une certaine suprématie à ces derniers. Après tout, lui et Garibald n'étaient-ils pas du même sang ? Jamais Cassius ne s'interrogea sur le désintéressement suspect du Lasombra et c'est cette confiance immodérée qui, plus tard, le pousserait à la folie. En 451, après que Sainte Geneviève eut appelé à la résistance du peuple parisien contre les Huns et sauvé la ville, Garibald, Amalaric et Cassius se rencontrèrent sur l'île de la Cité afin de sceller cette alliance. Alexandre resta reclus à Tournai et observa le tour que prenaient les événements. Malgré cela, Cassius voyait que partout les représentants de la défunte puissance romaine étaient assaillis ou simplement pris dans la tourmente des guerres entre tribus. Si personne n'arrêtait la décadence, plus rien ne rappellerait aux générations futures le souvenir du gigantesque empire.

 

Clovis, le héraut d'Alexandre

Mais les hommes de valeur n'avaient pas disparu avec les généraux romains et le roi Franc Clovis acquit rapidement de l'influence sur le nord de la France : il bénéficiait du prestige de son grand-père Mérovée et fut reconnu par tous les Francs. Ce fut un grand pas pour Alexandre et un sérieux revers pour Cassius qui vit son autorité contestée au cours de plusieurs batailles (avec notamment la défaite de Syagrius à Soissons, battu par une coalition menée par le conquérant Clovis et ses cousins Ragnacaire et Chararic, aux côtés desquels se battaient les Gangrels). Ainsi, Cassius recula devant des hommes dont Alexandre cautionnait secrètement toutes les actions, trahissant par là même le pacte scellé en 451. Ce fut presque sa main qui guida Clovis quand le roi fit éliminer Ragnacaire et Chararic : les Gangrels furent désorganisés et écartés de la lutte pour la suprématie. Et Clovis de poursuivre sa conquête de la France.

 

Le Clan Lasombra et l'Eglise : un nouvel opposant se révèle

Tilius qui avait encore peu fait entendre sa voix vit que la magnificence de Rome disparaissait sous les assauts barbares et en tint ouvertement rigueur à Cassius et surtout à Ecliastus. Ce dernier sentit que le frère de sang de Cassius pouvait bien contrarier les plans du Clan Lasombra et organisa la destruction de l'importun. Aussi l'année 496 fut-elle riche en victoires pour Ecliastus : Cassius accepta de détruire Tilius, au nom de l'unité, et Clovis se convertit au catholicisme, poussé en cela par sa femme Clotilde et Rémi, évêque de Reims. La cérémonie de baptême de Clovis effectuée en présence de son armée associa l'Eglise à la légitimité du pouvoir royal. En 511, Clovis convoqua un concile de 32 évêques : l'église mérovingienne était créée et repoussait les traditions païennes du peuple franc. Ce fut un échec cuisant pour Garibald et Alexandre qui avaient négligé de prendre Ecliastus au sérieux. La lignée de rois qu'entrevoyait Alexandre se remettait presque volontairement aux mains des Lasombras et reniait une partie de leur héritage barbare. Plus tard, Alexandre apprendrait à compter avec cette puissance qu'il n'avait pas vu venir et ne négligerait plus l'Eglise.

 

La guerre entre Clans pour l'empire de Clovis se profile

Ayant identifié l'ennemi Lasombra, Alexandre prit ses dispositions et contacta Cassius, toujours par l'intermédiaire de Garibald. Ce dernier présenta un tableau sombre mais réaliste des visées d'Ecliastus et joua sur la nécessité d'unir le Clan contre l'expansion Lasombra. Cassius, paranoïaque et angoissé, était incapable de prendre une décision. Il était visiblement sensible aux arguments du Franc Garibald mais craignait également la réaction de son mentor qu'il pensait sincèrement soucieux de la sauvegarde d'un empire uni sous la houlette d'héritiers de Rome. Au grand dam des Ventrues d'Alexandre, il était de toute manière trop tard pour empêcher la christianisation de la population et les Francs abandonnèrent, au moins sur le plan formel, leurs anciennes traditions. Quand Clovis mourut, il laissa un domaine relativement uni dans son identité franque qui s'étendait des Pyrénées au Danube. La lutte entre Ventrue et Lasombra allait redoubler pour la conquête d'un territoire comme jamais cette partie de l'Europe n'en avait connu. Paris, la capitale de Clovis constituait alors un point central qui méritait toute l'attention des deux parties. Alexandre y envoya Garibald tandis qu'Ecliastus y fit appeler son ami Lahto, un proche de Montano lui-même.

 

Erchinoald, du Clan Brujah, rallie les rangs Lasombras

Le combat qui s'annonçait ne concernait pas seulement les Ventrues et les Lasombras et beaucoup de Brujahs étaient aux côtés des barbares lors de la chute de l'empire romain. Leur désorganisation était le seul point qui les empêchait de s'exprimer face aux Magisters et aux Patriciens. Erchinoald parvint pourtant à étendre son influence sur plusieurs peuples en coordonnant les actions des Brujahs qui leur étaient affiliés. Introduit à Paris, il proposa à Garibald de supprimer Cassius et de se dresser contre Ecliastus : plus que d'une lutte entre clans, il s'agissait d'un combat entre Romains défaits et conquérants barbares. Garibald reçut d'Alexandre l'ordre de refuser malgré ses propres protestations. Garibald conservait le souvenir du courageux Amalaric qui avait lutté contre les Huns et avait disparu quelques années plus tard sous les coups d'une meute de garous. Les temps avaient changé et les vieilles alliances semblaient périmées. Econduit, Erchinoald entra dans une rage noire à l'encontre des traîtres qui osaient pactiser avec l'ancien ennemi et bafouaient les accords passés. Il s'en retourna avec sa délégation et offrit ses services à Ecliastus et Lahto, par pur esprit de contradiction.

 

La fin de la dynastie mérovingienne : la première déception d'Alexandre

Après l'épisode Clovis, la volonté de reconquête d'Alexandre se manifesta par le choix du cruel Clotaire comme instrument de sa politique. Violent, ambitieux et sans scrupule, Clotaire fut tout autant un roi qu'un message aux autres clans. Garibald vit à quel point la personnalité des rois que promouvait Alexandre était proche de celle du vieux Ventrue. La dynastie royale était le visage public de l'Ancien et Garibald sentit pour la première fois l'ambition effrayante de son maître : incarner une royauté parfaite, un pouvoir absolu, un résumé de la noblesse des armes. Toutefois, après la relative unité du royaume maintenu par Clotaire, la dynastie perdit sa vocation et tous s'entre-déchirèrent pour s'approprier terres et richesses. La lignée brisée et corrompue ne répondait plus aux attentes d'Alexandre : sa déception fut si grande qu'il renonça définitivement aux descendants du fier Clodion. Pendant ce temps, l'emprise Lasombra augmentait et le roi Dagobert 1er affermit le pouvoir de l'Eglise au sein du royaume. Ecliastus et Lahto se réjouissaient des querelles au sein de la lignée royale et organisaient leurs relations au sein du clergé malgré les protestations de Cassius.

 

Alexandre faisait preuve d'une certaine rigidité vis à vis des changements du monde des hommes et restait sourd à toute proposition quant à une réorientation de sa politique. A son sens, seule une famille reconnue selon les anciens usages serait digne de gouverner Paris et le royaume. Garibald fit son possible pour le convaincre que cette optique était sans issue : les mérovingiens entraient dans l'ère dite des rois fainéants, sans pouvoir, sans avoir, sans espoir à vrai dire. Les relations entre Alexandre et Garibald se firent plus tendues car ce dernier se sentait exclu des projets toujours plus profonds et secrets du roi. En dernier recours Garibald essaya de montrer à Alexandre que le pouvoir allait désormais être aux mains des grands propriétaires terriens et des maires. Il insista sur le fait que les Brujahs avaient bien compris cette évolution et saisissaient leur chance. Parallèlement, Ecliastus profita de la vague d'évangélisation de l'Europe pour placer ses pions dans le royaume Franc.

 

Le réveil d'Alexandre

 

La spectaculaire ascension de Charles Martel en 720, maire du palais d'Austrasie, confirma les dires de Garibald qui décida de quitter son maître et se rangea secrètement au côté d'Erchinoald. Ensemble, le Ventrue et le Brujah s'accordèrent pour contrer la montée en puissance d'Ecliastus mais négligèrent Alexandre qu'ils considéraient comme perdu. En 732, Charles Martel, alors maître du royaume franc, repoussa les Arabes au nom de la chrétienté : une victoire de plus pour Ecliastus. Toutefois, et il s'agit là d'un tournant dans l'histoire des Lasombras en France, Charles ne prit pas le trône par superstition. Les Magisters furent consternés par cette décision et en tinrent longtemps rigueur à Ecliastus qui n'avait pas su faire de Charles Martel un point d'entrée dans la famille royale. Cet événement raviva Alexandre qui comprit enfin que son rêve n'était peut-être pas perdu. Il se remit à voyager, renouvela ses contacts au sein de Paris et se familiarisa avec le Clan Toréador, seul opposant direct au Clan Lasombra dans les affaires ecclésiastiques. Sorti de sa léthargie, Alexandre travailla d'arrache-pied, risquant parfois sa non-vie au cours de voyages périlleux entre 735 et 740. Il se constitua la première ébauche de ce que serait la Grande Cour, une assemblée de Ventrues et de Toréadors puissants habitués des affaires du royaume et susceptibles d'infiltrer l'Eglise. Le Clan Toréador était alors représenté par Bernard de Souabe, Louis de Beaurain et Hirmingarde la Rouge. Alexandre, quant à lui, s'était directement entouré de Thibaud et de Sigebert de Rennes, son propre infant depuis 737. Ensemble, ils s'immiscèrent dans la vie des grands acteurs de cette transition majeure dans l'histoire de France et luttèrent contre Ecliastus sur le plan religieux et politique. Ecliastus fut surpris par cette soudaine opposition et découvrit la trahison d'Erchinoald. Il se concentra sur le Brujah et son acolyte Garibald par le biais de guerres internes mais perdit de vue son objectif initial. Il délégua beaucoup de ses responsabilités à Lahto qui assura au mieux son remplacement.

 

La première victoire de la Cour

 

L'avènement de Pépin le Bref témoigna de toute l'habileté de la future Grande Cour à travailler sur plusieurs tableaux simultanément : les Ventrues à Paris et les Toréadors à Rome, fléchissant les décisions papales. Pépin, fils de Charles Martel, s'installa sur le trône et obtint l'aval de l'Eglise de Rome. Il ne se contentait plus d'être le dirigeant temporel mais était également investi du pouvoir divin : le pape Zacharie avait décidé d'accorder le titre de roi à Pépin car "est roi celui qui détient le pouvoir". Le choix de Pépin avait été dicté par Thibaud et Sigebert, bien informés sur les affaires des hommes, pendant que les Toréadors favorisaient la reconnaissance du futur roi depuis Rome. Pépin cumula donc une légitimité divine au caractère traditionnel de l'investiture franque. La chance souriait à nouveau à Alexandre qui était parvenu à placer ses agents dans l'entourage de Pépin et à le soustraire à l'influence d'Ecliastus. La réussite de son entreprise le poussa à affermir son influence sur Paris et c'est la première fois que des observateurs témoignent formellement de son passage dans la capitale. La cérémonie du sacre des rois des Francs fut entérinée par la reconnaissance de Pépin par l'Eglise et cette tradition devait laisser une trace indélébile dans l'histoire.

 

La colère d'Ecliastus

 

Ecliastus se rendit compte un peu tard de la manipulation des Ventrues et des Toréadors sans en connaître la tête pensante. Le sacre de Pépin, un roi dont il savait pertinemment que Cassius ne le contrôlait pas, poussa Ecliastus à confier le problème Brujah à Lahto. Le Lasombra saisit l'ampleur du recul de son influence. Lui qui avait passé des années à introduire le christianisme en France voyait son travail détourné et exploité par une cabale dont il ne savait rien. Ses espions lui rapportèrent qu'une force encore inconnue jetait son dévolu sur la France. Ecliastus décida de contre-attaquer sur un terrain qu'il connaissait bien et fit jouer toutes ses relations à Rome pour définitivement verrouiller l'accès au pouvoir pontifical. Hirmingarde et Bernard de Souabe furent détruits par les Lasombras au cours de cet épisode. La future Grande Cour était disloquée et le pouvoir total échappait à nouveau à Alexandre mais il ne baissa pas les bras, reconstitua son état-major et rencontra directement Cassius peu avant le sacre de Charlemagne. Accompagné de Thibaud et de Sigebert, Alexandre montra à Cassius qu'Ecliastus s'était joué de lui depuis son arrivée à Paris. Les Ventrues d'Alexandre lui proposèrent une alliance et une place de choix quand Ecliastus serait finalement éliminé. Cassius accepta et promit de taire l'existence d'Alexandre.

 

Le nouvel espoir d'Alexandre : Charlemagne

 

Le sacre chrétien de Charlemagne fut un événement dont il est encore difficile de définir à qui il profita vraiment Le Ventrue de Rome Fabrizo Ulfila avait déployé toute son savoir-faire pour sceller une alliance entre la noblesse et l'Eglise mais le poids des Lasombras restait présent. En fait, malgré l'apparente réussite du Ventrue, certains pensèrent que Fabrizo avait été manipulé par les Lasombras vu que l'intrication toujours plus étroite de la royauté et de l'Eglise favorisait les Magisters. Quoiqu'il en soit, Charlemagne propagea l'idéal chrétien dans toute l'Europe et repoussa les limites du royaume. Les exploits de cet homme servaient à la fois les Ventrues d'Alexandre qui avaient favorisé son accès au trône mais affermissaient également le pouvoir religieux de Lasombras. Cassius se lança avec Louis de Beaurain dans la lutte contre le Clan Lasombra en tâchant d'éliminer tous les agents parisiens d'Ecliastus. Dans le sillage de Charlemagne se trouvaient des Brujahs, des Ventrues des Lasombras et des Toréadors aux objectifs variés. En Italie, les Lasombras appuyèrent la guerre contre les Lombards menaçant la papauté et contrèrent les Ventrues. En Espagne, les Ventrues compromirent les chances d'unification des forces Lasombras franques et arabes tandis que les Brujahs essaimaient dans la péninsule ibérique. La guerre fit rage en Germanie entre les Lasombras, les Gangrels et les Ventrues. Ces derniers profitèrent grandement de l'expansion du territoire et Alexandre plaça plusieurs de ses lieutenants à des postes clés dans toute l'Europe. Pourtant, partout où les troupes de Charlemagne mettaient le pied, elles transmettaient inévitablement leur religion et offraient autant d'ouvertures aux Lasombras. Profitant du climat favorable ménagé par Charlemagne, les Toréadors choisirent de sortir de l'ère obscure des mérovingiens et s'attachèrent à réhabiliter l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Ils s'opposèrent également aux Lasombras de Rome et ébranlèrent très sérieusement l'influence de ces derniers sur tout l'appareil ecclésiastique.

 

La folie de Cassius et l'effondrement de l'empire carolingien

 

Cassius luttait contre les agents parisiens d'Ecliastus mais vit son emprise diminuer quand la capitale du royaume fut déplacée à Aix la Chapelle. De plus, le fief de Paris fut attribué à Ecliastus par son Clan en guise de récompense pour la propagation de la religion chrétienne. Cassius devenait une personnalité annexe de la scène politique. Il choisit de jeter à bas tous les efforts de ceux qui prétendaient le manipuler et s'allia aux Nosferatus et aux Malkavians, normalement peu enclins à convoiter le pouvoir. Alexandre quitta Paris avec ses collaborateurs et s'installa à Aix afin de maintenir son influence. A sa mort, Charlemagne disposait d'un empire immense qu'aucun Clan n'était à même de gérer dans sa totalité. Après une phase d'euphorie, Alexandre et Ecliastus durent se rendre l'évidence : ils avaient vu trop grand et ne pouvaient plus rien contre l'effondrement. Gangrels, Brujahs, Tzimisces, Assamites, coalition de Cassius, tous contribuèrent au démembrement de cet empire irréaliste. Les successeurs de Charlemagne perpétuèrent l'usage de la dislocation de l'empire paternel entre les fils, source inépuisable de conflits qui mobilisaient nombre de Clans. On assista à ce moment à une résurgence de l'alliance d'Erchinoald et Garibald qu'Ecliastus ne dérangeait plus. Tous deux s'étaient retirés en Germanie et montaient les chefs de guerre, mortels, Gangrels et Brujahs contre l'empire chrétien dirigé par les Ventrues et les Lasombras. Leur action se manifesterait plus tard, avec les invasions normandes.

 

 

 

 

Les Normands attaquent...

 

 

Lorraine et Alexandre

 

La Grande Cour d'Alexandre se stabilisa pendant un temps après la mort de Charlemagne et pendant le règne de son fils Louis le Pieux. Elle comptait notamment Thibaud, Sigebert de Rennes, Conrad d'Aunoi et Clarembaud d'Orléans du Clan Ventrue ; Louis de Beaurain, Yehudis et Achard du Clan Toréador ; Guillaume et Torsteinn du Clan Nosferatu ; Orry du Clan Brujah et Simon du Clan Gangrel. Malheureusement, l'irruption de Lorraine du Clan de la Rose dans la vie d'Alexandre jeta à bas tous les efforts diplomatiques qui avaient été déployés jusqu'ici. Alors que cette structure qui comptait plusieurs dizaines de caïnites représentait l'alliance Ventrue-Toréador, le drame de la relation entre le vieux roi et la nouvelle-née eut pour effet de brouiller les relations entre les deux Clans. Alexandre, démoralisé, abandonna toute velléité politique et laissa sa Cour décadente gérer les affaires du royaume. Il refusa que Louis de Beaurain le remplace et figea la Cour dans une situation confuse, en proie aux querelles de pouvoir et affaiblie par le manque de clairvoyance de ses membres. Le Clan Toréador, qui s'érigeait maintenant comme un adversaire très sérieux des Lasombras sur le plan religieux, contesta systématiquement les décisions de la Cour d'Alexandre qui sombrait peu à peu dans l'apathie. C'est en 833 qu'Alexandre, désoeuvré et souffrant, étreignit Anne, une infante qu'il reniera toujours et qui ne sera jamais présentée à la Cour.

 

Les Normands attaquent les reliquats de l'empire : les opportunistes sortent de l'ombre

 

Le territoire hérité de Louis le Pieux fit l'objet du sempiternel partage entre les fils et aboutit au traité de Verdun en 843. Charles le Chauve obtint la Francie Occidentale, futur royaume de France, Louis le Germanique acquit la Francie Orientale, futur royaume d'Allemagne et Lothaire hérita d'un domaine peu cohérent, la Lotharingie qui plus tard deviendra la Lorraine. Il était manifeste que les tentatives d'unification de l'Europe avaient échoué. Alexandre, bien sûr, et Ecliastus furent profondément affectés par cette décision des hommes. Le Ventrue, inconsolable de son aventure avec Lorraine, voyait disparaître sa vision d'un empire dirigé par des hommes de sang noble et franc. Ecliastus, quant à lui, perdait toujours plus d'influence au sein l'Eglise. Son rêve de chrétienté unifiée s'effondrait, laissant la voie libre à tous ceux qui attendaient ce démantèlement dans l'ombre depuis des années. Ainsi, le Clan Toréador connut une importante progression en profitant des faiblesses d'Alexandre et en s'asseyant avec les Cappadociens aux côtés des Lasombras à Rome. Ce climat d'incertitude de la part des Clans traditionnellement dirigeants donna l'assurance nécessaire aux Brujahs et aux Gangrels pour donner l'assaut. Garibald et Erchinoald, jubilant, fondirent sur les restes d'un empire carolingien qu'ils souhaitaient voir à genoux depuis qu'ils s'étaient sentis écartés des projets des puissants : les invasions normandes commençaient.

 

La vengeance de Garibald

 

Compte tenu de la situation, Cassius se sentit libéré du joug d'Ecliastus et lutta ouvertement contre les Lasombras en s'appuyant toujours sur les Malkavians et les Nosferatus parisiens.Etrangement, Ecliastus sembla alors se retirer du monde et ne s'impliqua plus directement. Il confia à Lahto la charge de " régler " le problème Normand. Alexandre revint avec la Cour à Paris, vu que la cité était désormais la capitale de la Francie Occidentale. Certains abandonnèrent le roi Ventrue et s'investirent dans le commerce, une activité qui ne paraissait plus aussi vile. Mais dès 845, les drakkars déferlèrent sur la France et mirent à sac les villes qu'ils croisaient en remontant loin dans les terres. Paris subit les assauts des Normands et par trois fois leur retraite fut achetée à prix d'argent. Installés sur une île de la Seine, près de Rouen, ils maîtrisaient une partie non négligeable de la Francie à l'ouest de Paris. Garibald, l'ancien serviteur d'Alexandre, venait lui faire payer des années de mépris et de condescendance en coordonnant certaines des attaques contre la fragile île de la Cité. Il fallut attendre 885 pour que Paris résiste au siège, soulevée contre les Normands par l'évêque Goslin et le comte Eudes. Cassius se concentrait sur la défense de sa cité vu que tous les Lasombras semblaient avoir disparu et fut surpris par la prestation d'Eudes qu'il décida d'étreindre. La Cour d'Alexandre, quant à elle, restait divisée et était incapable de gérer efficacement la situation. L'époque de la franche entente et de l'union contre les Lasombras était révolue. Alexandre tint malgré tout à rester à Paris et s'abîma pendant des semaines complètes dans ses pensées. Coupé du monde, inaccessible à ses pairs, le vieux Ventrue paraissait plus que jamais sombrer dans la folie pendant que la résistance contre les Normands battait son plein à l'extérieur.

 

Alexandre renaît

 

Thibaud et Sigebert, lieutenants d'Alexandre ne l'abandonnèrent pas et soutinrent le combat contre les hommes de Garibald au côté d'Eudes. Les Toréadors se désolidarisèrent de cet affrontement, plus occupés préparer la renaissance de Paris après une victoire qui paraissait maintenant évidente. Finalement, le lunatique Alexandre sortit de son mutisme et convoqua sa Cour. Il y tint un discours qui intima le respect tout autant chez les Ventrues qui voyaient leur chef retrouver son visage passé que chez les Toréadors, impressionnés par la prestance d'un homme qui avait connu une histoire aussi tragique. Les traits durcis d'Alexandre firent douter les Toréadors qui considéraient la Cour de Paris comme acquise. Voilà que le Ventrue donnait des ordres, affectait des tâches et ne se souciait plus d'aucune bienséance superflue ; il ressemblait à l'Alexandre qui avait mis Pépin le Bref sur le trône. Il multiplia ses contacts avec Cassius qu'il introduisit officiellement à la Cour et fit de lui son chambellan. Thibaud et Sigebert conservèrent leur statut et se répartirent l'administration des environs de la cité : Thibaud était chargé du nord-ouest et Sigebert du sud-est. Il autorisa Thibaud à étreindre Gigues de Colmar et lui assigna la tâche de veiller à la stabilité de la communauté vampirique interne à la cité. Clarembeaud d'Orléans dont toute la Cour savait qu'il complotait contre Alexandre et pensait le supprimer fut traîné à la lumière du jour par une chaude matinée de l'été 887. Alexandre voulait faire preuve de force pour remettre de l'ordre parmi ses suivants. Le clan Brujah, pour l'instant représenté par quelques tenants de l'utopie romaine, bénéficia de l'arrivée de la philosophe Delphine, en 886.

 

La France aux mains des Capétiens

 

Cassius et Alexandre furent très satisfaits d'apprendre en 888 qu'Eudes avait été fait roi bien qu'il n'appartienne pas à la dynastie carolingienne. Un règne de 10 ans attendait ce véritable héros national qui avait repoussé les féroces Normands mais sa position fut contestée par la descendance carolingienne. La Grande Cour prit conscience qu'un nouveau changement allait s'opérer et les Toréadors attendirent les réactions des Ventrues. Alexandre sentit la fin des fils de Charlemagne, obligés de revendiquer leur autorité auprès d'hommes de valeur qui détenaient le vrai pouvoir. Ainsi se succédèrent des seigneurs de plus en plus ambitieux qui n'avaient que peu de considération pour les prérogatives de la véritable famille royale. Paris fut dirigée par des hommes de tête et en 987, c'est Hugues Capet qui accéda au pouvoir.

 

La littérale élaboration de la future dynastie capétienne incomba à Alexandre et ses acolytes. La dynastie carolingienne montrait de nets signes d'essoufflement et se dispersait considérablement dans des luttes intestines. Alexandre décida alors de promouvoir à nouveau un homme courageux et volontaire qui acquerrait sa noblesse grâce à ses hauts faits guerriers et politiques. Il devait également ne pas réitérer les erreurs du passé qui l'avaient profondément meurtri et limiter son ambition à une zone restreinte : Paris et le petit royaume de France qui subsistait après la dilapidation des terres par les derniers carolingiens. Alexandre obtint le soutien des Toréadors religieux en promettant qu'il ne ferait rien pour désolidariser la royauté de la chrétienté. Le point final de cette orchestration magistrale fut le conseil de Senlis. C'est après la mort du jeune Louis V, dernier roi carolingien, que les grands décidèrent de la succession. Un oncle de Louis se posa comme successeur logique mais l'archevêque de Reims Adalbéron, judicieusement conseillé par les Toréadors, s'opposa formellement à son accession au trône. L'assemblée suivit les conseils de cet homme d'église respectable et choisit un candidat qui serait garant de l'indépendance du royaume de France : Hugues Capet, actuel duc de France. Les grands féodaux n'étaient pas très impressionnés par Hugues qu'ils pensaient confiner à un rôle de figuration compte tenu du fait que les comtes de Paris et ducs de France avaient beaucoup perdu de leur pouvoir. Aussi Hugues put-il obtenir ce titre en 987 sans inquiéter ses pairs qui ne se doutaient pas du destin qui attendait le fondateur de la dynastie capétienne, la fierté d'Alexandre.

 

L'opposition de Normandie

 

Il ne faut pas oublier le destin parallèle des Vikings qui obtinrent la Normandie selon les termes du traité de St-Clair-sur-Epte en 911, signé par Rollon et Charles le Simple. C'est ici que s'étaient repliés les Normands après leur échec à prendre Paris. Leur assimilation fut rapide et la population fut christianisée, suivant l'exemple de son chef. La Normandie abritait les Ventrues les plus hostiles à la domination d'Alexandre et de sa Cour. Garibald menait évidemment plusieurs de ces caïnites revanchards qui espéraient un jour faire tomber le vieux roi. Erchinoald ne se rangea pas avec Garibald et préféra tenter sa chance dans la tourmente du Saint Empire Germanique. Par contre, d'autres lieutenants venus du nord acceptèrent de s'unir contre Alexandre : Heinrich de Cologne du Clan Ventrue et Kulpa le Grinçant du Clan Gangrel. Garibald rencontra dans le nouveau fief de Normandie trois caïnites de valeur qui l'aidèrent à strcuturer la population vampirique du lieu : Roald Oeil de Serpent, Liseult de Taine et Geoffroy de Calais. Malgré des intérêts communs, Garibald s'intéressa plus à l'évolution du royaume de France et d'Alexandre plutôt qu'aux signes avant-coureurs présageant de la future influence de Mithras. Les trois vampires paieront cher leur volonté de résistance contre Mithras et finront par être détruits pour ne pas avoir accepté la suprématie de l'Ancien. Garibald conservera un statut ambigu vis à vis de Mithras et limitera ses actions en Angleterre.

 

Les réformes capétiennes

 

La dynastie capétienne fut au centre des efforts de la Cour comme nous l'avons vu. Alexandre fut conforté dans sa conviction de préférer la patience au panache par Cassius et Achard et entreprit de proposer de nouvelles lois par l'intermédiaire de ses serviteurs proches du roi et grâce aux contacts d'Achard. L'histoire l'avait montré, un royaume fort est un royaume uni : les capétiens prirent donc l'habitude de couronner leur aîné afin de couper court aux conflits et au démembrement des domaines. Ainsi Hugues Capet confia le trône à son fils Robert qui se révéla être un homme pieux et avisé ainsi qu'un combattant respecté. On peut lui attribuer le respect de la "paix de Dieu", le soutien des moines de Cluny dans leur réforme du clergé et le développement des institutions de paix, d'aumône et d'enseignement. Robert fit la fierté des Toréadors qui se plurent à voir un roi si dévoué et savant, ami du pape Sylvestre II. Robert marqua le rapprochement entre les Ventrues et les Toréadors de la Cour de Paris car il manifestait autant d'application dans l'idéal éclairé des Toréadors que dans la conquête de nouvelles terres.

 

Alexandre sème le trouble au sein de la Cour

 

Toutefois, ce succès d'estime ne parvint pas à réfréner la convoitise des puissants féodaux de Normandie, Flandre, Anjou, Aquitaine et Bourgogne qui ne voyaient dans le royaume de France qu'une puissance contestable. L'ennemi n'était plus le clan Lasombra qui avait disparu avec les prétentions d'Ecliastus et dont tous les membres résidant en Ile de France avaient été chassés par Cassius. Maintenant, les opposants étaient aux portes du royaume et derrière eux se profilaient les Ventrues contestataires, Brujahs, Gangrels, parfois même Nosferatus et Tzimisces. Le royaume de France était isolé au milieu de forces hostiles. De plus, Alexandre retomba dans l'apathie malgré les efforts de Cassius et de Sigebert. Il se fit de plus en plus rare, visiblement déçu de voir qu'il était arrivé à ses fins. Sans défi majeur, le souvenir de Lorraine revint le frapper de manière définitive. Dès le premier quart du X° siècle, la Cour assista à la lente chute de son chef. Cassius ne put empêcher les conflits de succession à Robert et une guerre opposa l'aîné Henri à son frère Robert II, épaulé par Eudes de Blois. Des Brujahs d'Orléans, menés par Quintilius, profitèrent du conflit pour tenter de déstabiliser la Cour et envisagèrent d'attenter à l'existence d'Alexandre. Leur course fut bien vite stoppée par les forces de Cassius qui avaient été alertés par le fidèle Guillaume, infant de Torsteinn du clan Nosferatu. Henri fut soutenu par Robert le Magnifique de Normandie et Conrad II le Salique, empereur de Germanie. L'arrêt des combats entre Henri et Robert grâce à la cession de la Bourgogne au cadet ne signifia pas le retour au calme : Eudes de Blois ne lâcha pas prise et derrière lui se rangèrent les Brujahs de Quintilius.

 

L'arrivée de Saviarre à la Cour

 

Alexandre ne montra que peu d'intérêt pour la menace qui planait sur l'intégrité du petit royaume de France dont l'autorité n'était pas reconnue par la Bretagne, la Bourgogne et l'Aquitaine. Il semblait persuadé que tout finirait par s'arranger et fit parfois preuve d'un infantilisme qui mena les Toréadors à le déclarer fou et inapte à diriger. Leur pression se fit plus grande et les Ventrues les plus jeunes s'affichèrent de manière toujours plus ostentatoire. Toute la Cour sentait que la place d'Alexandre n'allait peut-être pas tarder à être vacante. Mais ce fut à cette époque, au début du XI° siècle, qu'arriva Saviarre. Présentée d'emblée comme la favorite d'Alexandre, elle seule jouissait du privilège de s'entretenir avec lui. Même Cassius et Sigebert devaient attendre que Saviarre eut terminé son conciliabule pour voir leur maître. Cette nouvelle fit grand bruit dans la Cour et les prétendants au trône fulminèrent, ourdissant parfois des complots illusoires à l'issu desquels Saviarre et Alexandre étaient précipités dans les flammes. La réputation de versatilité d'Alexandre rappelée par les plus anciens membres de la Cour refroidit les plus jeunes et aucune action précipitée ne fut envisagée.

 

La poigne de fer de la belle comtesse

 

Alexandre ne parut jamais plus sans Saviarre à ses côtés. La belle comtesse finit par être l'officiel émissaire d'Alexandre et après une période d'adaptation où personne ne prit vraiment au sérieux cette " nouvelle-née ", tous furent contraints de reconnaître sa force et son intransigeance. Au cours des rares occasions où l'autorité de Saviarre était remise en question, Alexandre apparaissait pour confirmer la véracité et la valeur des ordres donnés. Le vieux roi connut même une mémorable frénésie qui jeta la Cour dans l'effroi et coupa court à toute revendication ouverte mais fit redoubler les bruits de couloir, essentiellement alimentés par les Toréadors. L'influence grandissante de Saviarre sur Alexandre ne manqua pas de susciter des interrogations sur son honnêteté et nombreux furent ceux à affirmer que la comtesse remplaçait Lorraine dans le cœur de son maître. Les Ventrues étaient divisés sur l'attitude à avoir vis à vis de la comtesse. Certains, tels que Sigebert ou Conrad d'Aunoi, reconnurent Saviarre comme la récipiendaire du pouvoir d'Alexandre désigné par lui. Jouissant de cette prérogative royale, son autorité était incontestable. D'autres, comme Cassius et Thibaud, ne voyaient là qu'une tentative de manipulation du vieux Ventrue fondée sur d'anciens sentiments à l'égard d'un amour passé. Les Toréadors, bien qu'émus par la dramatique arrivée de cette ensorcelante " princesse de la nuit ", furent fâchés par sa poigne et sa fermeté. Il n'était plus question d'incertitudes et d'hésitations entre lesquelles pouvaient facilement s'immiscer des initiatives personnelles. Il fallait désormais lutter pour ne pas se retrouver contraint d'oeuvrer pour le Clan Ventrue. Toutefois, le grand intérêt de Saviarre pour les choses de Dieu lui attira les faveurs d'Achard. Le reste du Clan resta campé sur ses positions, entre ranceuur, jalousie et consternation.

 

La Grande Cour s'ouvre

 

Saviarre ouvrit la Grande Cour à de nouveaux membres et consacra Torsteinn du Clan Nosferatu comme un allié de choix qui devrait se faire les yeux et les oreilles du royaume. Il était épaulé par son infant Guillaume, secrètement amoureux de la belle Saviarre, au point de sacrifier les idéaux de son clan et de caresser le déraisonnable espoir de plaire à la comtesse grâce à la science des Tzimisces. La Grande Cour accueillit également Septimus du Clan Brujah, un érudit qui avait élu domicile à Orléans. Il entra très rapidement en contact avec Delphine et tous deux tissèrent des relations étroites fondées sur leur intérêt commun pour les choses de l'esprit. L'infant de Simon le Gangrel fut présenté à tous et Schreier, bien que peu habitué des fastes de la cour, soutint le regard de Toréadors horrifiés. Saviarre montra à tous que la Cour vivait une nouvelle ère, une ère au cours de laquelle les traditions auraient la vie dure. Elle montra qu'elle ne considérait plus les vieilles barrières des clans comme infranchissables. Elle montra enfin qu'elle disposait de soutiens que personne n'avait soupçonné et assurait ainsi ses arrières tout en jouissant de l'aura d'Alexandre.

 

La guerre contre la Normandie est inéluctable

 

Pendant ce temps, la situation n'évoluait guère en faveur de la France. La guerre contre Eudes s'arrêta en 1039 et les Brujahs progressèrent considérablement. Peu après, Henri soutint Guillaume le Conquérant et aida par là même les Ventrues de Garibald à faire taire leurs opposants. De manière totalement fortuite, un capétien d'Alexandre servait les intérêts de son ennemi normand. Saviarre reprit les choses en main à partir de 1050. Guillaume le Conquérant préparait son accession au trône d'Angleterre et menaçait de s'allier aux Flandres. La comtesse envoya des espions dans ces deux domaines et recueillit de précieuses informations : il fallait arrêter la montée en puissance de Guillaume. Elle appuya massivement la décision d'Henri de combattre la Normandie à partir de 1054 et s'opposa directement à Garibald, Heinrich et Kulpa. Mais les troupes du roi de France furent vaincues deux fois et la menace normande devint manifeste. Elle ordonna le recrutement auprès de tous les Clans des caïnites les plus fidèles à la cause du royaume et les réunit au cours de la Nuit du Fleuve. Embarquée avec ces volontaires sur un navire qui navigua sur la Seine jusqu'aux portes de la Normandie, elle fit prêter serment sur le Sang et l'Honneur à cette avant-garde secrète chargée de réduire à néant les efforts des Ventrues normands. Cette profession de foi ne rallia que peu de voix mais une vingtaine de vampires acceptèrent malgré tout de renoncer à une vie publique et décadente pour repousser les Normands. Eudes de Paris, complètement absent de la scène parisienne bien qu'étant l'infant de Cassius, saisit l'occasion et disparut avec ses pairs. Les vampires qui ont prêté ce serment sont connus sous le nom de Fidèles mais ce souvenir irrite beaucoup de membres de la Cour, vexés d'avoir été écartés d'une réunion qui paraissait si excitante. A cette occasion, Saviarre étreignit Edelinne, sa favorite qui devint rapidement une infante compétente chargée de coordonner l'action des Fidèles de Normandie.

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Citer l'auteur des textes recopiés, merci...<br />
Répondre